Comme la plupart de nos visiteurs, vous cherchez des informations sur les lieux de captivité et de travail de votre père, grand-père, ou oncle, prisonnier de guerre entre 1940 et 1945.
Si le point de départ de votre recherche est généralement le Stalag dont il dépendait, notamment pour recevoir et envoyer sa correspondance, en fait, c’est pour la très grande majorité d’entre eux dans un détachement de travail (Arbeitskommando) qu’ils vivaient et travaillaient.
En captivité il leur était interdit de communiquer la localisation des commandos, ni d’en indiquer les activités, et ce sous peine d’avoir leurs lettres abondamment “caviardées” et plus grave, d’encourir des sanctions.
Les renseignements concernant les commandos sont donc rares et résultent d’éléments partiels à réunir mais aussi de témoignages rapportés après la guerre.
Nous vous proposons, dans cette page éphémère, de vous faire les acteurs d’une recherche commune sur le thème d’un Arbeitskommando et d’être, avec nous, les auteurs d’un article dédié à partir des renseignements obtenus. L’article prendrait place dans notre menu déroulant et cette page éphémère serait alors ouverte pour un autre commando.
Envoyé le 26/05/2021 à 16 h 43 min
Bonjour,
Bravo pour votre site qui contient beaucoup d’informations sur les conditions de vie des prisonniers de guerre.
Mon père, Denis Pillon, était au stalag VI D. J’ai retrouvé dans les papiers de famille une correspondance de prisonnier de guerre avec le numéro du Kommando : 3115 et son numéro de prisonnier : 2976.
Par contre, la BNF gallica mentionne stalag VI A ?
Mon père parlait assez volontiers de cette période et avait gardé des amis de ces années-là. J’ai pu recueillir son témoignage :
Fait prisonnier le 16 juin 1940 dans le Loiret, il a d’abord travaillé chez des paysans français dans la Somme.
Il est arrivé en Allemagne le 13 décembre 1940 et a été dans un Arbeitskommando en usine pendant environ 6 mois à Annen pour fabriquer des pièces pour les chars et l’aviation. Les rations étaient peu abondantes et les rares sorties encadrées par des gardes armés.
Ensuite, il participe au ravitaillement du commando et des « privates » (ouvriers allemands de l’usine) avec 2 ou 3 personnes. Cela consiste à aller chercher des marchandises (navets, pommes de terre…) à Witten, ou du pain à Langendreer, avec une voiture tirée par deux chevaux. Au début, un allemand l’accompagnait ; vers la fin de la guerre, il pouvait y aller seul. Pour le pain en particulier, il arrivait à en avoir en plus (20 pains parfois), en comptant en différentes langues !
D’autre part, il allait chercher la paye des ouvriers allemands de l’usine à Witten tous les mois avec un cheval et un carrosse, accompagné d’un policier en civil, d’un policier dans la voiture et du comptable.
Entre temps, il participait au nettoyage des aiguillages des rails des trains qui partaient de l’usine …
Grâce au chocolat (reçu dans les colis), il commence à faire du marché noir. La première fois, il a échangé une barre de chocolat contre du pain. Puis il revendait du pain, volé au ravitaillement, aux Allemands 5 Mark le pain. Il livrait parfois des bouquets de fleurs pour les fêtes des Allemands et leur faisait payer le prix ! Le meilleur moment pour faire du trafic, c’était pendant les alertes car personne n’était dehors !
Mon oncle, François Maurice Pillon (frère de mon père) était aussi prisonnier mais au stalag III C près de Berlin.
Ma grand-mère tenait un journal où elle a noté scrupuleusement tous les colis envoyés à ses deux fils avec les dates et la composition.
Cordialement.
Annie Rolland
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Envoyé le 05/06/2021 à 16 h 14 min | En réponse à RoLLAND.
Bonjour Annie,
Merci de votre sympathique visite et de vos encouragements.
Le matricule de prisonnier de guerre est composé du numéro (en chiffre romain) du Stalag où à eu lieu l’enregistrement (l’arrivée) du soldat capturé et d’un numéro d’ordre. C’est ce qui est gravé sur la plaque de chaque prisonnier et qu’il doit indiqué dans sa correspondance et celle qu’il reçoit pour qu’elle lui soit distribuée. Ce matricule lui est attribué pour toute sa captivité, et ne change pas même si le PG, est transféré dans un commando dépendant d’un autre stalag. Voyez dans nos articles ce qui concerne la réorganisation des stalags du Wehrkreis VI.
Pour ce qui concerne le Kdo n° 3115, nous n’avions recensé (voir notre tableau à la fin de notre article « Arbeitskommandos des stalags VIA de Hemer et VID de Dortmund et documents de référence ») que sa localisation, Annen, d’après un rapport de la Commission de contrôle postal des prisonniers de guerre de janvier 1945.
Les précisions que vous nous apportez me suggèrent un rapprochement avec ce Kdo d’un camp de déportés de Buchenwald Dora : https://asso-buchenwald-dora.com/le-kommando-de-5/ .
Ce Kdo a été créé les 16-17/09/1944 pour le travail forcé dans la très importante usine d’armement d’AGW : https://www.porta-polonica.de/de/atlas-der-erinnerungsorte/polnische-zwangsarbeitende-witten-1940-1945 .
Le Kdo n° 3115 des prisonniers de guerre français pouvait donc travailler dans cette usine. Il était courant que différents types de travailleurs forcés (dont les prisonniers de guerre français) coexistent sur des lieux de travail. Cependant leurs conditions et leur cantonnement étaient différents suivant leur « statut ».
Il n’est pas étonnant que les informations « officielles » sur ce Kdo soient peu nombreuses car il s’agit d’un Kdo travaillant pour l’effort de guerre nazi, donc pouvant être qualifié (en 1945) de collaborationniste. Pas la peine de jeter de l’huile sur le feu. La recherche de la vérité sur les faits de cette époque est très récente et le devoir de mémoire encore plus.
Avec les documents que vous avez recueillis nous pouvons essayer d’en savoir davantage sur ce Kdo n° 3115. Le journal de votre grand-mère a lui aussi un intérêt historique en plus de son caractère émouvant.
Voulez-vous y participer ? Notre blog vous est grand ouvert.
Très cordialement.
Louis Weppe
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Envoyé le 07/08/2021 à 16 h 10 min
Bonjour,
Merci pour votre réponse concernant le Kdo 3115.
Je suis bien sûr intéressée pour en savoir plus et je peux vous faire parvenir une copie des documents en ma possession.
Comment puis-je vous les envoyer ?
Cordialement,
Annie Rolland
Voici Denis Pillon; photographié à Annen en 1943 (environ) au Kdo n° 3115 :
La mère de Denis Pillon, Clémentine Roy, a tenu un cahier “de la captivité de ses deux fils, Maurice et Denis”.
C’est un document assez rare, dans lequel elle rapporte les évènements (mobilisation, débâcle, exode, invasion, captivité en France puis en Allemagne) vécus par la famille. Elle a noté ensuite méthodiquement les envois et le contenu de ses colis pendant ces années. Témoignage émouvant d’une maman.
One Response to Nouveau ! Pour vous cette page éphémère spéciale Kdo n° 3115