Arbeitskommandos des stalags VIA de Hemer et VID de Dortmund et documents de référence

Vae Victis ! Malheur au vaincus !

L’article 27 de la Section III de la Convention de Genève de 1929 commence par “Les belligérants pourront employer comme travailleurs les prisonniers de guerre valides …”. En signant ce traité, les plénipotentiaires des États signataires pensaient encadrer, voire adoucir une tradition millénaire de la guerre : l’esclavage, dont aujourd’hui la traduction politiquement correcte française est “le travail forcé”. Mais la Wehrmacht ignorera la suite du texte, sauf pour ce qui concerne les officiers français dispensés de travailler.

Alors, avec le recul, le stalag ne serait-il pas l’arbre qui cache la forêt des Arbeitskommandos, abréviation : Arb-Kdo(s), détachements de travail en français. Car les prisonniers de guerre, pour la plupart, n’ont passé que quelques jours en stalag.

Les stalags et leurs Arb-Kdos ont fait l’objet de rapports de visites des délégués du CICR (Comité International de la Croix Rouge) et du SDPG (Service Diplomatique des Prisonniers de Guerre – Délégation de Berlin) ainsi que de la Commission de Contrôle Postal qui relevait, dans les lettres des PG, les informations concernant le travail dans ces Arb-Kdos et les conditions de vie dans leurs Lager (cantonnements). Les témoignages des PG, médecins et hommes de confiance, rentrés de captivité, sont aussi une source de renseignements très intéressante.

Combien y avaient-ils de Arb-Kdos ? Il n’y a pas qu’une réponse, cela a varié dans le temps car ils ont eu des périodes différentes d’activité. Les chiffres des rapports du CICR se rapportant aux effectifs des détachements de travail se limitent aux situations ci-après :

Stalag VI A de Hemer

Stalag VI D de Dortmund

Situation au :

Arb-Kdos

PG

Situation au :

Arb-Kdos

PG

15/11/1940

environ 480

15/11/1940

600

22 000 Français

04/03/1941

environ 550

20/10/1941

environ 600

24 513

21/10/1941

450

25 503

12/06/1942

595

20 964 Français

691 Polonais

2297 Serbes

* voir N.B. ci-dessous

25/09/1942

environ 600

11/09/1943

139

4 306 Français

1 250 Belges

12/09/1943

342

23 240 Français

522 Belges

de février 1943 à février 1944

29 nouveaux Kdos dont le numéro est suivi de la lettre F.

 Regroupement progressif des PG dans les nouveaux Kdos.

20/01/1944

Il n’y a plus que 20 Kdos (voir le paragraphe ci-dessous)

 comprenant 3609 Français le 20/01/1944

26/07/1944

293

17 903 Français

593 Belges

* N.B. : A la mi décembre 1942, le stalag VI A réunit, sous son autorité, tous les Arbeitskommandos des mines de charbon (Zeche au singulier) de la Ruhr. Les Arb-Kdos de ce type d’activité des autres stalags (du VI D notamment) lui sont rattachés. Ils seront ensuite regroupés, au fur et à mesure de l’abandon de l’exploitation des puits, principalement à cause des destructions des bombardements alliés. Parallèlement tous les autres Arb-Kdos du VI A sont apportés, avec leurs effectifs, au stalag VI D principalement, mais aussi au VI F et VI K, créé le 9 septembre 1942 et auquel étaient notamment transférés, fin 42, les Arb-Kdos agricoles, situés à l’est de Soest, des stalags VI A et VI D. Déjà le 1er août 1942 le stalag VI B avait été dissous, ses effectifs de PG étant rattachés aux stalags voisins, et dès septembre 1942, des Arb-Kdos du stalag VI C étaient passés sous la dépendance du stalag VI D qui transférait en juin 1943 des Arb-Kdos au stalag VI F.

Voilà pourquoi j’ai fait le choix de regrouper dans le même tableau (en bas de cet article) tous les Arbeitskommandos ayant été gérés par les stalags VI A et VI D, . On voit aussi de cette manière que certains Kdos ont pu être, avant ou après leur gestion par les VI A ou VI D, sous l’autorité d’autres stalags.

KreisKommandos : Le stalag gère ses Kdos notamment l’approvisionnement vestimentaire nécessaire à tous les PG, leur correspondance et leurs colis (personnels et collectifs) qui sont distribués vers des KreisKommandos où les Hommes de confiance des Kdos viennent chercher ce qui leur revient. Ces KreisKommandos, au nombre de 23 en 1940-1941, sont réduits à 17 pour la période du 5 novembre 1941 au 23 janvier 1942, situés à Altena, Arnsberg, Brilon, Büren, Hagen, Höxter, Iserlhon, Lippe-Land, Lippstadt, Meschede, Olpe, Paderborn, Sennelager, Schwelm, Soest, Unna, Warburg (source : Pour Nous n° 25 du 01/02/1942 – page 24 – article sur la répartition des vivres de la Croix Rouge française dans tous les Kreis-Kdos dépendant du Stalag VI A). N.B. : les KreisKommandos de Lemathe et Menden précédemment cités ne le sont plus.

En janvier 1944, pour les 20 Kdos qui subsistent, il n’y a 3 nouveaux KreisKommandos. Ces bases logistiques sont situées à :

  1. Herne pour les Kdos : 556F de Herten-Scherlebeck, 563F de Erkenschwick-Rapen, 651F de Herne-Börnig, 664F de Herne, 709F de Bochum-Hamme, 715F de Durchholz-Witten et 761F de Castrop-Rauxel,
  2. Essen pour les Kdos : 1F de Homberg-Hochheide (pourtant à 60 km de Essen), 12F de Rossenray-Lintfort, 56F de Essen-Katernberg, 60F de Essen, 154F de Gladbeck-Brauck, 157F de Gelsenkirchen-Buer-Hassel, 201F et 203F de Gelsenkirchen,
  3. Dortmund pour les Kdos : 508F de Ahlen-in-Westfalen, 601F de Lünen-Brambauer, 602F de Dortmund-Lindenhorst, 752F de Dormund-Huckarde, 759F de Dortmund-Mengede.

En 1943, le stalag VI A devenait “le camp des Russes”, dans le cadre d’un plan d’extermination par le travail dans les mines de charbon de la Ruhr. En masse des PG soviétiques étaient entassés dans le stalag et les Lager (cantonnement des Arb-Kdos), empiétant souvent sur l’espace de vie des PG français et belges.

Les effectifs, de même que les conditions de vie et de travail, dans ces Arb-Kdos ont été très variables dans le temps et suivant les activités. Les PG, sous la surveillance permanente des gardes armés, étaient soumis de plus à l’autorité de l’employeur, de leur “Meister”, sous la pression de l’appareil de production de guerre nazi, dans des conditions de travail très difficiles et dans la crainte des bombardements alliés. Il est donc intéressant d’assembler les situations constatées pour en suivre l’évolution (la dégradation) et mettre en évidence les similitudes et les différences.

Le recensement des Arb-Kdos des stalags VI A et VI D, que j’ai effectué, avec la participation de Régine H. et Alexis Boucot que je remercie, est finalisé dans le tableau “Arb-Kdos”, ci-dessous. Toutes les informations proviennent de documents rapportant les situations constatées que j’ai présentés dans le tableau “Documents” (second onglet). L’idée est de relier chaque situation à son document source (voir colonnes “Sources, références et date de la situation). Les renseignements principaux connus sont indiqués dans les différentes colonnes et, dans la colonne “sites Web”, des liens conduisent sur des pages concernant l’historique des sites industriels dans lesquels étaient ces Arb-Kdos.

J’espère que vous y trouverez les informations et les précisions que vous cherchez. Je vous remercie de bien vouloir me signaler les éventuelles erreurs ou omissions que vous pourriez remarquer. Vous pouvez aussi contribuer à l’enrichir de tous compléments que vous pourriez avoir ou connaître. Une simple carte postale peut avoir, au verso, l’indication d’un numéro de commando.

Merci de votre intérêt.

Tableaux des Arb-Kdos (premier onglet) et des documents sources (second onglet) : deux curseurs, l’un à droite et l’autre en bas du tableau, vous permettent de naviguer à l’intérieur de la fenêtre. La colonne de gauche indique le numéro du Kdo, puis les trois suivantes précisent s’il s’agit d’un cantonnement (Lager), d’un détachement de travail (Arb-Kdo) ou autre (BAB notamment). La cinquième colonne indique le stalag de rattachement (et les transferts éventuels) et la sixième le district géographique. La septième précise la localisation et la huitième le lieu du cantonnement (Lager), et/ou de l’employeur du détachement de travail (Arb-Kdo) que complète la neuvième colonne avec l’activité. Suivent ensuite cinq petites colonnes (10 à 14) indiquant l’effectif du Kdo (variable dans le temps), les Français, les Belges, les Polonais, les Russes (en fait les Soviétiques) et les autres. Puis viennent deux colonnes pour l’Homme de confiance (15 : nom et 16 : numéro de PG) et une pour l’aumônier (17), souvent cités dans les courriers. Suit une large colonne (18) avec des noms de PG, cités dans différents documents concernant le Kdo. Viennent enfin trois larges colonnes qui réunissent, d’abord les sources et références des renseignements recueillis (19) et la date de ces informations (plus petite colonne 20), les observations (colonne 21 : faits, descriptions …) concernant le Kdo et les liens avec des sites Web (22). Rares sont les Kdos pour lesquels nous avons toutes ces précisions. Mais …

En faisant un clic droit sur les onglets  Arb-Kdos Documents situés en bas de la fenêtre ci-après vous avez la possibilité d’ouvrir un nouvel onglet ou une nouvelle fenêtre avec ce tableau en lecture PLEIN ÉCRAN.

Bons vents !

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