Arbeitskommando n° 637 : Gerhard Hausen donne, page 58 de son livre “Zwangsarbeit im Kreis Olpe” (Band 32 der Schriftenreihe des Kreises Olpe, Selbstverlag, 2007, ISSN 0177-8153), une liste de 16 Lager (cantonnements) de prisonniers de guerre du district de Olpe, dépendant du stalag VI A de Hemer, suite continue de numéros du n° 626 (Halberbracht I) au n° 641 (Olpe), indiquant le nom du Lager, le nombre de prisonniers de guerre, le nom de leur “employeur” et son activité. Soit pour le n° 637 : Halberbracht II Post, 73 Gefangene, Sachtleben A.G. für Bergbau und Chemische Industrie.
Arb-Kdo n° 2805 à Meggen : ce commando figure, sans autre indication que son numéro, parmi les principaux commandos du Stalag VI D de Dortmund, du livre “Documentation sur les camps de prisonniers de guerre” du 5ème Bureau – Etat Major de l’Armée – Ministère de la Guerre. Le même livre indique que le médecin-lieutenant GUY Robert est en poste à Meggen au commando n° 2808.
A la fin de l’année 1942, le Stalag VI A de Hemer a réuni sous son autorité tous les Arbeitskommandos des mines de charbon de la vallée de la Ruhr et s’est défait de tous ses autres Arb-Kdos. Parallèlement, les Stalags du Wehrkreis VI de Münster ont été réorganisés et leur limites de compétence modifiées (voir l’article “Le Wehrkreis VI de Munster et ses stalags”). Notamment, les Arb-Kdos de la région de Meggen étaient rattachés au Stalag VI D de Dortmund et tous les prisonniers de guerre qui y étaient détachés du VI A étaient transférés administrativement au VI D, le 10 décembre 1942, sans qu’ils aient eu a se déplacer. Cependant, pour éviter des doublons dans la numérotation des Arbeitskommandos, certains d’entres-eux ont changés de numéro, avec la création de la série des 2000. Ainsi l’Arb-Kdo n° 643 à Meggen dépendant du Stalag VI A, jusqu’au 10/12/1942, est devenu, le n° 2808 (note n° 729 du bureau d’études de la DSPG) dépendant du stalag VI D, du 10/12/1942 à la libération.
Tous les renseignements et témoignages sur les Arbeitskommandos et Lager de la Sachtleben sont les bienvenus. Merci.
La mine de pyrite de Meggen, exploitée en 40-45 par la Sachtleben A.G. et après la guerre par la Siciliaschacht, est devenue un musée : http://www.bergbaumuseum-siciliaschacht.de/. Son directeur, Monsieur Bruno Heide, que j’ai rencontré en 2010, a résumé l’histoire du travail forcé dans la mine de Meggen, de 1939 à 1945. Je tiens à le remercier ainsi que Messieurs Heinz Slotta, Karl Knoche et Eberts qui m’ont renseigné et aidé.
La photo de la carte postale de mon père a été immédiatement identifiée, en 2010, par MM Knoche, Slotta, et Eberts et ce dernier, qui, jeune adolescent, portait le pain de la boulangerie où il travaillait jusqu’aux camps de prisonniers, m’a conduit, en 2011, sur les lieux d’un ancien café et de sa salle des fêtes, dans laquelle étaient logés les PG, à l’angle de Maumker Strasse et de Am Rott (lat. : 51° 7’27.10″N – long. : 8° 3’7.25″E) à Lennestadt, dans le quartier (ex-village) de Maumke. Tous les PG du Kdo n° 637 (ou 2805) n’étaient pas cantonnés à Halberbracht II Post ni employés à la mine de pyrite. En effet, comme en témoigne également les traces (paris sur la date d’arrivée des Alliés) de la présence de PG cantonnés dans une ferme d’Halberbracht, pour des raisons pratiques (éloignement et conditions de travail différentes notamment) des PG étaient logés chez leur employeur ou dans des cantonnement secondaires, l’ex-salle des fêtes contiguë au café de Mme Maas en l’occurrence pour mon père. car c’était également une ferme qui avait besoin de main-d’oeuvre. La Sachtleben était aussi une industrie chimique et l’usine comportait de nombreux services nécessitant de recours au travail forcé ainsi que certains besoins fonctionnels comme par exemple le déchargement des boues, l’entretien des bâtiments ainsi que des voies ferrées de la Reichsbahn, ou la production de charbon de bois (des photos du père de Pascal Margenseau montrent des équipes occupées à ce travail, en lisière de forêt, dans une tente abritant un four à carboniser). Les PG occupés à ces travaux pouvaient également être cantonnés dans la salle des fêtes du café de Mme Maas compte tenu de sa situation. A noter que ce Lager était situé de l’autre côté de la voie de chemin de fer, en face des baraques “Christinenhütte” où étaient entassés les prisonniers de guerre de l’Union Soviétique (SU).
“Pour les Russes, c’était pire”. C’était, en forme de conclusion, la réponse de mon père à mes questions d’enfant sur sa captivité en Allemagne. J’avais 19 ans quand il est décédé ; nous n’avons donc pas pu avoir de discussion d’adultes sur ce sujet.
Étude – Les Arb-Kdos de la mine de pyrite de la Sachtleben à Meggen et Halberbracht de 1939 à 1945.
http://www.mineralienatlas.de/lexikon/index.php/Deutschland/Nordrhein-Westfalen/Sauerland/Meggen
Le minerai de la mine de Meggen est essentiellement de la pyrite (FeS2) composée de sulfure de fer, avec de la sphalérite (ZnS) ou sulfure de zinc, de la galène (PbS) composée de sulfure de plomb et de la barytine (BaSo4) ou sulfate de barium. Tout ça sent le soufre ! L’extraction est faite par dynamitage qui provoque des vapeurs sulfureuses nauséabondes et irritantes pour les muqueuses. Le seul côté poétique de la mine de Meggen étaient peut-être les sulfures colorés, chers aux collectionneurs de minéraux. Les prisonniers de guerre en ont-ils rapportés comme souvenirs ? Autre caractéristique de ce minerai, c’est sa densité proche de 5. Ainsi une pierre de la taille d’un paquet de sucre ne pèse pas 1 kg mais 5 kg ; une autre de la taille d’un pack de six bouteilles d’eau de 1,5 litre ne pèse pas 9 kg mais 45 kg. Le travail des prisonniers de guerre dans la mine, consistant à pelleter et charger ce minerai, était épuisant. La mine de pyrite de Meggen était l’une des plus importante au monde. Ce complexe chimio-minier produisait de l’acide sulfurique, du fer, du zinc, et du plomb. Pour l’Allemagne nazie ce site industriel avait une importance stratégique vitale pour l’effort de guerre. En 1943-44, la production annuelle a dépassé le million de tonnes de pyrite et nécessité plus de 4000 hommes, pour la plupart prisonniers de guerre et “travailleurs forcés”. Ces chiffres n’ont plus jamais été atteints. Aucune bombe n’est tombée sur la mine pendant les hostilités.
La mine était également très accidentogène et meurtrière. Paul Maniez en témoigne : “Voici le mois de mars 1942. Un Français est tué à la mine, écrasé par un éboulement. Il est du Kdo de Meggen. On l’enterre à 5h de l’après-midi.” Il s’agissait de Marcel Vanderveken.
Il y a eu aussi, dans cet hôpital St Joseph d’Altenhundem, les décès d’Adolphe Leux, le 7 décembre 40, d’Ernest Picout, le 4 avril 41 ou encore de Célestin Dujardin, le 10 juin 41 :
Grâce à Jean-Paul Maniez que je remercie encore, nous connaissons les conditions de captivité et de travail des prisonniers de guerre dans les Arbeitskommandos de la Sachtleben, car son père, Paul, a consigné dans des cahiers d’école, au crayon de bois, les faits importants de sa captivité. Celle-ci l’a amené dans un Lager de Kirchhundem (7 km au sud de Meggen) et, quotidiennement, à travailler dans la mine de la Sachtleben.
Maniez Paul – Récit – Chapitre 5 – mine de Meggen – du 4 décembre 41 au 1er janvier 43
Maniez Paul – Récit – Chapitre 6 – mine de Meggen – 1943-1944.
La catastrophe minière du 9 février 1944.
Dans la mine, 9 tonnes d’explosifs s’enflamment dans leur dépôt, au fond de galerie “Erbstolln” du puits intérieur 2 (Baro Schacht à Halberbracht). La première explosion se produisit à 6h30 du matin et fut suivi de deux autres, la troisième étant la plus violente.
Paul Maniez fait le récit de cette catastrophe qui a fait, ce jour là, 72 morts dont 55 travailleurs forcés ainsi que le rappelle la croix érigée à Halberbracht.
Les obsèques eurent lieux le 14 février. Les Allemands, Italiens et Français furent enterrés dans le cimetière de Meggen. Les prisonniers de guerre soviétiques “trouvèrent le repos” dans le cimetière russe, dans un bois de Maumke. Parmi les victimes, une quinzaine de PG soviétiques, 3 “travailleurs libres” français (ex PG au statut transformé), un Français du STO qui venait d’arriver, et 4 prisonniers de guerre français : “Goquet”, Félix Agacinski, Joseph Blaszczyk et Maurice Protat :
L’explosion fit également 42 blessés graves dont certains vinrent, plus tard, s’ajouter au bilan mortel.
Les photos de la catastrophe du 9 février 1944 et des obsèques des mineurs sont sur le site http://www.meggen.de/, à cette page : http://www.meggen.de/meggen/bergbau/unfall%201944/unfall%201944.html
Les conditions de travail dans la mine, extrêmement pénibles et dangereuses pour la santé des prisonniers de guerre, avaient été signalées par le médecin-lieutenant de réserve Raymond Vernier dans son rapport de fin de captivité du 29 septembre 1943 dont voici l’extrait y afférent :
Cet extrait était joint à une note (date ?) de la Direction du service de santé :
Quelle suite ?
“Pour les Russes, c’était pire”. Sans aucun doute. Il y a toujours pire. Hélas ! On disait que c’était la guerre. Est-ce une raison pour oublier les privations, les brimades et l’exploitation des prisonniers de guerre français. Il y a eu des malades, des blessés, des morts. C’étaient pourtant des hommes jeunes, en bonne santé. Ceux qui sont rentrés ont perdu bien plus que cinq ans de liberté. Le 8 mars 1941, à Hemer, une affiche placardée rappelait “aux employeurs que les prisonniers de guerre sont des esclaves qui représentent une main d’oeuvre à vil prix dont il faut tirer le maximum de rendement”. Malgré les demandes d’explication de la Direction des Prisonniers de guerre et les dénégations de l’OKW, il semble bien que dans de très nombreux cas, les temps de guerre et surtout les pressions de l’appareil nazi et des entreprises engagées dans l’effort de guerre aient donné raison à cette affiche.
En 1945, les nouvelles des fronts ravivent les espoirs des prisonniers de guerre. L’effort de guerre des entreprises allemandes est fortement ralenti. Paul Maniez raconte : Maniez Paul – Récit – Chapitre 7 – 1945 L’espoir
C’est aussi le désespoir pour la population allemande exposée aux bombardements alliés. Altenhundem est une de leurs cibles. Mme Lisa Figne (†) en fit le récit que Mme Helga Rameil a transmis aux éditeurs de ce site : http://pvbrowser.de/home/saalhauser-bote/index.php?menu=2&topic=2&bote=ausgaben/html/bote-2-2011/de_p4.html (texte en allemand). Voir les photos :
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